Certains d’entre vous le savent déjà, mon papa était atteint de la maladie de Parkinson. Dans son cas, la maladie a été diagnostiquée très tard – trop tard – malheureusement. Il faut savoir que le diagnostic de la maladie de Parkinson est difficile à poser, parce qu’il repose sur la présence de symptômes qui n’apparaissent que tardivement dans l’évolution de la maladie. Cependant, dès que le diagnostic de Parkinson a été posé, de nombreuses réponses ont été apportées. En effet, avec ma famille, nous avions tous remarqué depuis plusieurs années des problèmes assez graves dans la santé de mon père. Avec ce diagnostic, ils s’expliquaient enfin.
Parkinson et le mouvement
En me renseignant sur la maladie de Parkinson et les soins qui pouvaient soulager les symptômes, j’ai très vite découvert que le mouvement était une des clés essentielles pour ralentir la maladie et la combattre. Également, les études indiquaient le yoga comme excellent pour lutter contre les effets de Parkinson.
Dans le cadre de cette maladie, la pratique du yoga peut en effet aider à lutter contre l’anxiété, la dépression, développer la flexibilité, la mobilité, le renforcement, améliorer le sommeil, développer les capacités respiratoires, etc. En somme, le yoga peut aider à améliorer le bien-être des patients sur le plan physique, mental et émotionnel.
Le yoga contre Parkinson
Étant moi-même professeure de yoga, j’ai donc proposé à mon papa de faire des séances de yoga adaptées avec moi.
Je vis à Saint-Etienne, mon père vivait en Bourgogne, nous ne pouvions pas nous retrouver en physique tous les jours pour les séances de yoga. Pourtant, je savais que la régularité était la clé pour qu’il ressente les bienfaits de la pratique du yoga. Je lui ai donc proposé un rendez-vous en visio tous les jours, à la même heure : 15H30. Nos séances étaient courtes : entre 5 et 10 min, car son état ne lui permettait hélas pas de faire plus, la maladie était déjà très installée.
Par le passé, mon père n’avait jamais fait de yoga avec moi. Même si je suis prof et que le yoga est dans ma vie depuis des années, il n’avait hélas jamais été tenté de tester. Il a fallu que la maladie soit là, que son corps soit si raidi par Parkinson pour qu’il accepte de faire une séance de yoga avec moi.
Très honnêtement, les conditions n’étaient pas idéales pour démarrer le yoga. Nous étions à distance, il avait mal partout à cause de la maladie, ne savait rien du yoga et était déprimé par la maladie. Pour autant, ceux qui me connaissent savent que j’aime relever les défis, surtout quand les gens n’y croient pas du tout, ça me pousse encore plus. C’est mon petit côté obstiné qui m’aide beaucoup dans la vie je crois 🙂
Dès la première séance, j’ai su que le focus principal des cours de yoga serait la respiration. J’ai tout de suite vu que mon père ne savait absolument pas respirer profondément, comme moi-même avant de démarrer le yoga et comme beaucoup d’autres personnes.
La maladie avait raidi sa posture : il était complètement voûté, ce qui bloquait sa respiration. Le cercle était vicieux : plus la maladie progressait, plus sa posture se voûtait, alors moins il bougeait, et moins il respirait profondément.
Voir souffrir mon père dans son propre corps était atroce. Je voulais l’aider, du mieux que je le pouvais.
Nos séances de yoga tous les jours, à 15H30
Alors, je me suis concentrée avec lui au début sur les exercices de respiration : comment respirer dans tout le corps, comment laisser la place au diaphragme. Puis nous avons ajouté des exercices d’échauffement, puis des exercices de mobilité.
Tous les jours, à 15H30 nous avions notre rendez-vous yoga. Il y a eu des jours plus durs que d’autres, et des jours où je voyais ses progrès. En tous les cas, ce seront les exercices de respiration qui l’auront le plus aidé je pense. En effet, dans les moments les plus durs de la maladie, il aura réussi à se reconcentrer sur son souffle. Je pense par exemple à un impressionnant malaise qu’il a fait en ma présence et où j’ai réussi à le guider pour retrouver son souffle. Et moi aussi, par la même occasion : savoir respirer, cela m’aura permis de ne pas céder à la panique.
J’ai beaucoup appris à ses côtés pendant nos séances de yoga. J’ai cherché comment adapter certaines postures de yoga, et comment amener du confort dans les poses. Je savais déjà que le yoga venait nous connecter complètement au souffle. Mais j’ai compris, j’ai vu de mes propres yeux, que dans un corps en souffrance, le souffle c’est crucial, et que si tu sais comment augmenter ta capacité respiratoire ou ralentir le cœur dans les moments d’angoisse, tu as une force en toi énorme.
Les cours à l'Association Groupant les Parkinsoniens de la Loire
Progressivement, l’idée a commencé à germer en moi de transmettre ce que j’apprenais aux côtés de mon père, malade de Parkinson, à d’autres personnes qui traversaient cette maladie. Pourquoi ne pas partager cette expérience ? Je me suis rappelée ma formation de professeur de yoga, où l’une de mes camarades de formation était atteinte d’un cancer du sein. Elle savait dès le début de sa formation qu’elle voulait enseigner aux malades de cancer, car elle connaissait les douleurs et voulait aider à les soulager grâce au yoga. J’ai pensé très fort à toi Sarah, pendant toute la période où j’accompagnais mon père dans nos séances de yoga.
L’idée a laissé la place à la force de pousser les portes. J’ai contacté le CHU de Saint-Etienne, et après avoir discuté avec les responsables, ils m’ont renvoyée vers l’Association Groupant les Parkinsoniens de la Loire. En écoutant mon petit cœur battant, j’ai envoyé un mail pour exposer mon projet de proposer des cours aux adhérents de l’asso. Merci à Franck Raso, président de l’association, d’avoir pris le temps de lire ce mail et de m’avoir rappelée.
L’échange qui s’est passé ensuite a marqué le début d’un nouveau projet. Nous avons organisé une initiation gratuite de yoga au sein de l’AGPL en juillet 2023.
Je me rappelle le sourire de mon père quand je lui ai annoncé que j’allais partager ce que j’avais appris avec lui, grâce à lui, avec les adhérents de l’association et leurs familles. C’était un sourire de joie. Je crois qu’il savait, au fond de lui, que j’avais réussi à transformer la douleur de le voir souffrir en quelque chose qui ferait du bien aux autres.
Cheminer du mieux que l'on peut
Aujourd’hui, mon papa n’est plus là. Il nous a quitté aux premières lueurs de l’aube, ce lundi 11 septembre 2023.
Après son départ, j’ai hésité à poursuivre les cours à l’AGPL. J’avais peur de ne pas avoir les épaules pour accompagner les personnes qui avaient la même maladie, alors même que je suis en plein deuil.
C’est, je pense, un message de la part de Franck Raso, quelques jours après avoir appris la mort de mon papa, qui m’a aidée à y voir plus clair. Franck m’a dit de prendre le temps dont j’avais besoin avant de revenir. J’ai compris par son message que je ne pouvais pas arrêter ce que j’avais commencé. Mon papa n’est plus là aujourd’hui, je ne peux plus l’accompagner lui dans son chemin de Parkinson, mais si je peux aider ne serait-ce qu’une personne à soulager les douleurs de Parkinson, alors toutes ces épreuves que nous avons vécues avec ma famille, n’auront pas été vaines.
Les cours à l'aGPL en 2024
Depuis janvier 2024, je propose des cours de yoga un vendredi sur deux de 16H à 17H au sein de l’AGPL, 4 rue Étienne Mimard 42000 Saint-Etienne.
✨ Lors de ces cours de yoga adaptés, je vous propose de méditer, faire des exercices de respiration, délier les tensions de la colonne et renforcer le corps en profondeur. Sans oublier bien sûr de vous proposer un temps de relaxation en fin de séance !
✨ Les inscriptions pour les cours ont lieu auprès de Franck à l’AGPL, par email : parkinsoniens42@gmail.com ou téléphone au 07 49 82 10 51
✨ N’hésitez pas à venir tester les cours, on passe de très bons moments à l’asso. Je voudrais remercier tous les élèves qui viennent aux cours à l’AGPL, pour vos sourires et nos moments d’échanges. Merci de me faire confiance 🙏
Retrouvez tous mes créneaux de cours dans différents studios à Saint-Étienne ici.
Mon bilan
D’une certaine manière, j’ai grandi et progressé en tant que professeure de yoga. La douleur de voir souffrir un proche m’aura poussée à faire de mon mieux pour trouver la ressource en moi afin de l’aider grâce aux enseignements du yoga. De cette épreuve, mon enseignement a pris une autre dimension et une autre motivation : je sais que j’enseigne aujourd’hui pour transmettre ce qui peut soulager les souffrances du corps et de l’esprit.
Si vous traversez vous aussi une maladie, ou que vous accompagnez quelqu’un sur le chemin de la maladie, force à vous. On a tendance à croire qu’on est seul à traverser ces épreuves, mais sachez que vous n’êtes pas isolé.e. Les associations sont justement là pour ça, pour nous sortir de l’isolement, se serrer les coudes, pour créer ces échanges, ces partages, ces moments de motivation et de bien-être, comme les cours de yoga.
Si vous traversez comme moi un deuil, sachez qu’on est ensemble, unis par la douleur d’avoir perdu un être cher. Le chagrin sera toujours là, mais on sera portés par le yoga pour remonter la pente. Je vous le souhaite, et je NOUS le souhaite en tout cas.
Prenez-soin bien de vous et de vos proches 💞✨
Om shanti,
Ludivine
Ludivine Mazzotti